Sept millions de personnes ne pouvaient plus circuler librement, vivaient comme des animaux tatoués, comme des packs de lait à puce passive, géolocalisés jusque dans leur cuisine, se faisaient dicter là où était leur place et à quel moment c'était leur place, se faisaient interdire l'entrée d'un cinéma parce qu'ils étaient censés être identifiables, parce que leur compte était à découvert, parce que... […]
Mais, mais, mais...j'entendais les bouches normées : si le système ne nous fait aucun mal, si sa raison d'être ne consiste qu'à gérer les déplacements et à les gérer pour le bien de tous, alors pourquoi blesser au nom de sa douceur ? Question spécieuse. Face à une aliénation des menues doses douces et continues, il n'était de rupture que brutale.
Ou sinon, se résigner, mettre un casque virtuel sur la tête, s'éclater loin du monde, dire : "c'est comme ça, je n'y peux rien, je juge que tout est bien, amen...
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Info: La zone du dehors, 2007
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