quand on est au plus mal, il n’y a rien à
faire, à part en rire, enfiler ses vêtements
une fois de plus, sortir, voir des visages, des machines,
des rues, des immeubles, le déploiement du
monde.
j’esquisse des gestes, échange des sommes d’argent, réponds
à des questions, en pose quelques-unes, tandis que les heures s’enlisent,
dans mon sillage, elles ne sont pas toujours continuellement
horribles – par moments je suis traversé par une joie
sauvage et je ris, en sachant à peine
pourquoi.
c’est peut-être le pire tour que j’aie appris :
endurer ; je dois apprendre à lâcher prise, ça n’est pas un
truc suspect.
on est bien trop sérieux, on doit apprendre à jongler
avec nos enfers et nos paradis – la vie s’amuse avec
nous, on doit lui renvoyer la balle.
nos chaussures battent le pavé, en nous
traînant derrière elles.
quand on est au plus mal, il faudrait ne rien
faire.
l’exactitude est la liberté : une centaine
de milliers de murs ou toujours
plus de néant, tes os en savent plus que ta
raison.
Auteur:
Info: Dans "Tempête pour les morts et les vivants", au diable vauvert, trad. Romain Monnery, 2019, " être là"
Commentaires: 2
Coli Masson
18.10.2021
eh oui
miguel
17.10.2021
Normal ces coupures et sauts de lignes ?