Au cours des procès où l’on a jugé les "crimes contre l’humanité", on a très souvent constaté que les accusés étaient vexés, consternés voire indignés qu’on leur demande "personnellement" des comptes pour les mauvais traitements infligés à ceux qu’ils avaient effectivement maltraités et pour les meurtres de ceux qu’ils avaient effectivement tués. Il serait absolument erroné de ne voir dans ces accusés que des cas de déshumanisation et d’entêtement extrêmes. ce n’est pas "bien qu’ils aient collaboré", mais le plus souvent "parce qu’ils ont seulement collaboré" qu’ils se sont révélés incapables de repentir, de honte, ou même de la moindre réaction morale. C’est parfois précisément "parce qu’ils avaient collaboré", autrement dit parce que pour eux, "être moral", c’était nécessairement se conduire d’une façon complètement "instrumentalisée", qu’ils avaient bonne conscience (d’avoir personnellement "collaboré").
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Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pages 319-320
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