Il est clair que l’initiation consiste en l’instauration d’un échange là où il n’y avait que fait brut : de la mort naturelle, aléatoire et irréversible, on passe à une mort donnée et reçue, donc réversible dans l’échange social, "soluble" dans l’échange. Du même coup, l’opposition entre la naissance et la mort disparaît : elles peuvent s’échanger elles aussi sous les espèces de la réversibilité symbolique. L’initiation est ce moment crucial, ce nexus social, cette chambre noire où naissance et mort, cessant d’être les termes de la vie, réinvoluent l’une dans l’autre – non vers quelque fusion mystique, mais bien pour faire ici de l’initié un véritable être social. L’enfant non initié n’a fait que naître biologiquement, il n’a encore qu’un père et une mère "réels", pour devenir un être social il lui faut passer par l’événement symbolique de la naissance/mort initiatique, il lui faut avoir fait le tour de la vie et de la mort pour entrer dans la réalité symbolique de l’échange.
Auteur:
Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 216-217
Commentaires: 0