insistance

L’inconscient, c’est-à-dire le "refoulé", n’oppose aux efforts de la cure [psychanalytique] aucune espèce de résistance ; en fait il ne tend même à rien d’autre qu’à vaincre la pression qui pèse sur lui pour se frayer un chemin vers la conscience ou vers la décharge par l’action réelle. La résistance dans la cure provient des mêmes couches et systèmes supérieurs de la vie psychique qui avaient produit le refoulement en son temps. [...] Nous échapperons à l’obscurité en opposant non pas le conscient et l’inconscient mais le moi, avec sa cohésion, et le refoulé. Il est certain qu’une grande part du moi est elle-même inconsciente, précisément ce que l’on peut nommer le noyau du moi ; le terme de préconscient ne recouvre qu’une petite partie du moi. [...] la résistance de l’analysé provient de son moi et nous saisissons du coup que la compulsion de répétition doit être attribuée au refoulé inconscient. [...]

Il n’est pas douteux que la résistance du moi conscient et préconscient est au service du principe de plaisir ; elle veut éviter le déplaisir que provoquerait la libération du refoulé tandis que nos efforts tendent à obtenir que ce déplaisir soit admis, en faisant appel au principe de réalité. Mais la compulsion de répétition, cette manifestation de force du refoulé, quel est donc son rapport au principe de plaisir ? Il est clair que la majeure partie des expériences que la compulsion de répétition fait revivre ne peut qu’apporter du déplaisir au moi puisque cette compulsion fait se manifester et s’actualiser des motions pulsionnelles refoulées ; mais il s’agit d’un déplaisir qui, nous l’avons déjà montré, ne contredit pas le principe de plaisir, déplaisir pour un système et en même temps satisfaction pour l’autre. Mais le fait nouveau et remarquable qu’il nous faut maintenant décrire tient en ceci : la compulsion de répétition ramène aussi des expériences du passé qui ne comportent aucune possibilité de plaisir et qui même en leur temps n’ont pu apporter satisfaction, pas même aux motions pulsionnelles ultérieurement refoulées.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Dans "Au-delà du principe de plaisir" (1920), trad. de l'allemand par Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, éditions Payot, Paris, 2010, pages 61 à 64

[ essai d'instanciation symbolique ] [ problèmes ]

 

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Commentaires

miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2022-01-09 04:26
corps causal, auto-justification ?
Coli Masson, colimasson@live.fr
2022-01-09 07:20
Pourquoi autojustification ?

Ce serait totalement hors sujet d'associer une notion ésotérisante comme corps causal à la psychanalyse freudienne.
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2022-01-10 06:10
Eh bien dans la mesure ou FLP ambitionne, certes follement, de se positionner au niveau du langage et de son sens, de la sémantique, ce n'est pas Freud qui commande ici.
Donc, lui associer - très rarement - une notion qui va à l'encontre du corpus de la secondéité Freud-psychnalyse, me semble tout à fait aller dans le sens Flpien d'ouverture de réflexion.
Freud n'est pas souillé dans l'affaire, d'autant que le concept d'inconscient, en dépit de toutes les explications, demeure un champ suffisamment ouvert pour le rapprocher d'une idée comme celle du corps causal. Non ?
miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2022-01-10 06:30
autojustif :
"la résistance de l’analysé provient de son moi et nous saisissons du coup que la compulsion de répétition doit être attribuée au refoulé inconscient. [...]"
ou alors g pas ben comprendu
Coli Masson, colimasson@live.fr
2022-01-11 06:05
Nous ne pouvons pas non plus faire dire à un extrait ce qu'il ne veut pas dire. Ici, il s'agit d'un texte issu d'un essai, pas un roman au sein duquel l'imagination et les correspondances méta-catégorielles peuvent à la limite s'appliquer.

La psychanalyse n'a jamais voulu se mêler d'ésotérisme et ce serait un contresens d'y associer une notion comme le corps causal. Freud compte lorsqu'il s'agit d'un extrait de Freud. Si tu veux mettre du corps causal ailleurs, libre à toi.