La poésie, en ce qui me concerne, c'est un état.
C'est un état avant d'être un langage. Et je reste persuadée qu'on ne l'atteint pas sans avoir traversé, dans sa vie, un moment où l'on est forcé de renoncer à tout. Un moment où il n'est plus possible de se dire qu'on maîtrise les choses et les événements, encore moins les êtres si on avait cette prétention, ce moment où tout nous échappe et où l'on échappe aussi à soi-même.
Cet état est aux antipodes de cette expression qu'on entend aujourd'hui à tout bout de champ et qui est d'ailleurs l'expression favorite de notre président : "On ne lâche rien".
Quand je l'entends dans la bouche de quelqu'un, je vois un chien qui grogne à l'intérieur de cette personne, les crocs serrés autour de son os. J'attends les aboiements.
Auteur:
Info:
Commentaires: 4
Coli Masson
20.02.2022
délaissement me semblait justement approprié.
miguel
19.02.2022
pas tout à fait d'accord... il y a une notion de palier, qu'il faut dépasser... C donc un paradoxe : lâcher prise = dépassement... Mais peut-être faudrait-il le formuler mieux... ailleurs
Coli Masson
19.02.2022
Le dépassement est justement une exacerbation de la volonté, ce n'est pas le propos ici.