[...] [Alexandre] Jardin nous entraîne sur une île idiote peuplée d’enfants qui n’ont ni passé ni avenir et qui ne jouissent que du présent ; et il entreprend de nous faire croire que cette utopie est ailleurs qu’ici, maintenant et partout. Ce qui n’aurait rien de grave s’il ne voulait en même temps nous persuader qu’il tente un pari fou, tout en courant des risques incroyables, et que personne avant lui n’avait encore jamais pensé à faire une chose pareille.
[...] C’est la montée des puérils.
C’est le cauchemar de la vie comme elle va, cet empire toujours plus onirique de l’innovation obligatoire. C’est l’ennui des changements précipités, de la croissance qui s’accroît et des avancées qui avancent au milieu du champ de ruines du principe de réalité. C’est l’espièglerie, la créativité sans entraves, la liberté d’expression et toutes les autres valeurs pétulantes de notre modernité inepte portées en triomphe vers l’avenir glorieux sur le char de la violence marchande qui déloge le passé de partout, sauf quand il s’agit de le jeter en vrac, avec les arts prétendument "vivants", dans les réacteurs nucléaires de la tuante "culture".
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Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1501
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