Je ne suis frappé ni par le changement ni par la constance, mais par le fait tout simple d'être là de nouveau, maintenant, dans cet espace semblable à lui-même, foulant cette même racine, passant près de ce même frêne, contournant ces mêmes pierres. A chaque pas je m'étonne de nouveau : j'étais là, et là, et aussi là -- je ne suis plus tout à fait le même qu'alors et pourtant je me trouve à l'exact endroit où je fus. Quel sentiment troublant de retrouver un sentier ! Cette permanence très concrète donne au temps une sorte de consistance. Elle me permet d'embrasser la durée, ainsi devenue palpable, qui me sépare de mes souvenirs.
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Info: Dans "Toucher le vertige", éditions Flammarion, 2021, page 16
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