Si l'on admet que toute expérience, quand elle est forte, se donne sous les espèces du discontinu, et que l'écrit - phrases, lignes, vers, pages qui se suivent - est un continuum, alors le premier travail d'écriture n'est pas de faire du discontinu mais bien de faire du continu. Chaque fois que la littérature se tourne - conversion décisive - vers son présent qui toujours se présente plus ou moins mal, c'est-à-dire vers la perception, vers le commerce amoureux, vers la parole quotidienne, vers la société, etc, la première question est : comment faire du continu avec ça, quel continu en faire, comment enchaîner ? Même à l'époque récente où l'on pratiquait, à des fins de "subversion", d' "effets de réel" ou de renouvellement rythmique, des ruptures ostensibles - de ton, de syntaxe - et des omissions, la question principale, sous-jacente à toutes ces pratiques, et qui apparaît plus pressante encore avec le recul, était celle-ci : quel type de continu se reconstitue-t-il par-delà ces interruptions, quelle consistance, quelle qualité de matière est alors donnée au texte pris en totalité ?
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Info: in "Brefs", éd. P.O.L., p. 115
Commentaires: 5
miguel
29.03.2022
en effet ;-)
Benslama
28.03.2022
le rapprochement que vous proposez, avec la citation de Stacy Doris, est intéressant - je n'y aurais pas pensé (en fait, j'avais oublié avoir proposé cette citation) - mais, comme vous l'avez peut-être noté, le texte de Stacy Doris était paru dans la "Revue de Littérature Générale", qui était un projet co-dirigé par Pierre Alferi - et j'ajoute qu'elle cite Emmanuel Hocquard, qui est aussi une référence constante d'Alferi, dans son livre "Brefs"... autant dire qu'on est clairement dans les mêmes parages littéraires !...
miguel
28.03.2022
Ok - merci pour les règles tenues. ceci étant si un mot, déjà dans le texte, est partie d'un tag double terme, c'est moins grave ;-)... Ici on s'en sortira mieux en proposant "codage de la réalité", qui, en cas de recherche, aidera à pointer vers cette idée de réel. - cet extrait est par ailleurs dans la ligne de FLP - où nous pouvons avoir tendance à nous plaindre des limitations de la "continuité horizontale" du langage, d'où la création de l'application. - et bcp d'autre idées là autour.... "codage et décodage sont des discriminations" par exemple Cet extrait est aussi, me semble, assez (très) proche de celui-ci : https://filsdelapensee.ch/quote/481529 bonne j