J'avais plutôt l'impression, en ce moment, de faire la guerre à la vie. Je n'avais aucun mérite. Ça ne demandait pas beaucoup de courage. L'ennemi cède à la moindre chiquenaude, il capitule comme on respire. Partout la santé tremble, elle grelotte, elle a froid, elle flageole. Dans un coin, elle s'offre au mâle pathogène qui passe, sans choisir. Il la malmène, il est sado. Elle n'est pas maso, elle est faible. Il frappe, elle crie, c'est la douleur, le premier symptôme d'un mal encore sans nom. La santé, ça se présente toujours bien. Une belle construction, des joues roses, des biceps énormes. Au fond, c'est comme un miracle d'équilibre entre des tas de choses qui ne songent qu'à trahir, qu'à se vendre au premier virus venu. Se vendre, c'est beaucoup dire. Pour tout salaire, l'angoisse.
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Info: Orgambide, Scènes de la vie perdante, p.52
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