foyer

Certes, la pièce était exiguë, mais il suffisait d’y allumer le poêle pour qu’une douce chaleur se diffuse. A la fin du printemps, il n’était pas rare que dehors le vent souffle en furie, ciel et terre s’obscurcissaient alors, et dans cette purée de pois, on devinait à peine la silhouette des arbres qui ployaient follement. Graviers et grêlons soulevés par le vent s’abattaient sur les carreaux avec un claquement sec qui n’en finissait pas… Mais chez nous, il faisait si bon et l’atmosphère était si paisible que chacun éprouvait du bonheur : de la marmite où mijotait la viande de mouton séchée s’échappait un fumet qui déposait sur les murs comme une pellicule croustillante qui finirait par s’effriter. Le fumet de mouton couvrait le parfum des petits pains qui rôtissaient sur le poêle. Sans discerner leur odeur, on voyait l’éclat de leur jaune d’or, leur léger rougeoiement qui flattait l’œil. Dans le magnétophone tournait une cassette dont nous avions mille fois entendu les chansons. Les paroles avaient perdu leur sens d’origine, seul demeurait un sentiment de douceur.

Auteur: Li Juan

Info: Sous le ciel de l'Altaï

[ terrier ] [ douillet ] [ paix ] [ indicible ] [ nid ]

 

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