L’Origine* exprime l’impasse, le cul-de-sac, de la peinture réaliste traditionnelle dont l’objet n’est jamais totalement montré sans pour autant cesser d’en constituer une visée, une présence comparable à un point de référence sous-jacent, au moins depuis la Verweisung d’Albrecht Dürer. L’objet dernier de la peinture réaliste traditionnelle n’aura, en somme, jamais été autre chose que le corps nu et sexualisé de la femme en tant qu’objet ultime du désir et du regard masculin.
[...] C’est un geste de désublimation radicale qu’accomplit là Courbet. Prenant le risque d’aller tout simplement au bout de cette logique, il a représenté directement ce que l’art réaliste antérieur n’avait fait que suggérer comme point de référence implicite. Le résultat de cette opération, si nous reprenons les termes de Julia Kristeva, fut bien sûr l’inversion de l’objet sublime en un objet abject, en une substance visqueuse, excrémentielle, nauséeuse et répugnante. [...] Le geste de Courbet représente donc une impasse, l’impasse de la peinture réaliste traditionnelle, et c’est en tant que tel qu’il fonctionne comme un "médiateur" nécessaire entre l’art traditionnel et l’art moderne. Il représente le geste qui devait être accompli pour qu’advienne l’art moderne et "abstrait".
Auteur:
Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, pages 57 à 59 * L'origine du monde
Commentaires: 3
miguel
28.10.2022
pas besoin, y'a djà uen entrée sur le même tableau avec le link. Sinon c'est [a http...]mot-lien[/a] on le retrouve aussi sous "insérer une citasse" dans le mode d'emploi
Coli Masson
24.10.2022
Je me souviens plus de la balise de link ... j'ai hébergé l'image si tu veux : https://zupimages.net/up/22/43/jfz4.jpg
miguel
24.10.2022
Faudrait mettre le titre en entier et le linker