N’ai-je pas connu une jeune fille, de l’avant-dernière génération "romantique" qui, après plusieurs années d’un amour mystérieux pour un monsieur que, du reste, elle pouvait à tout moment épouser le plus tranquillement du monde, finit cependant par s’inventer des obstacles insurmontables et, par une nuit de tempête, se jeta du haut d’une falaise dans une rivière assez profonde et rapide, où elle périt victime de ses propres caprices, uniquement pour ressembler à l’Ophélie de Shakespeare ; cela même de telle manière que si cette falaise, qu’elle affectionnait et avait élue depuis longtemps, avait été moins pittoresque et qu’à sa place, il y eût un rivage prosaïquement plat, le suicide n’aurait peut-être pas eu lieu.
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Info: Dans "Les Frères Karamazov", traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, page 10
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