Le ralentissement moteur du dépressif peut s’accompagner, contrairement à certaines apparences de passivité et de ralentissement moteur, d’un processus cognitif accéléré et créatif, comme en témoignent les études portant sur les associations très singulières et inventives que produisent des déprimés à partir de listes de mots qui leur sont soumises. Cette hyperactivité signifiante se manifeste notamment par des rapprochements de champs sémantiques éloignés et rappelle les calembours des hypomaniaques. Elle est coextensive à l’hyperlucidité cognitive des déprimés, mais aussi à l’impossibilité du maniaco-dépressif de décider ou de choisir.
[...] le lithium interrompt le processus de variété et fixe le sujet dans le champ sémantique d’un mot, l’attache à une signification et peut-être le stabilise autour d’un référent-objet. A contrario, on pourra déduire de ce test (dont on notera qu’il se limite aux dépressions répondant au lithium) que certaines formes de dépression sont des accès d’accélérations associatives qui déstabilisent le sujet et lui offrent une fuite hors de la confrontation avec une signification stable ou avec un objet fixe.
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Info: Dans "Soleil noir", éditions Gallimard, 1987, page 70
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