réclame

Lorsque le lendemain, la vie de nouveau, les broyait, lorsque se remettait en marche la grande machine publicitaire dont ils étaient les pions minuscules, il leur semblait qu'ils n'avaient pas tout à fait oublié les merveilles estompées, les secrets dévoilés de leur fervente quête nocturne. Ils s'asseyaient en face de ces gens qui croient aux marques, aux slogans, aux images qui leur sont proposés et qui mangent de la graisse de bœuf équarri en trouvant délicieux le parfum végétal et l'odeur de noisette (mais eux-mêmes, sans trop savoir, pourquoi avec le sentiment curieux, presque inquiétant, que quelque chose qui leur échappait, ne trouvaient-ils pas certaines affiches, formidables certains slogans, géniaux certains films-annonces ?) Ils s'asseyaient et ils mettaient en marche leurs magnétophones, ils disaient hm hm avec le ton qu'il fallait, ils truquaient leurs interviews, ils bâclaient leurs analyses, ils rêvaient, confusément, d'autre chose.

Auteur: Perec Georges

Info: Les choses (1965, 160 p., Pocket, p.97, 98)

[ société de consommation ] [ capitalisme ] [ dépression ] [ vide spirituel ] [ redite épuisante ]

 

Commentaires: 1

Commentaires

miguel, filsdelapensee@bluewin.ch
2023-01-20 08:13
pourquoi pas au pluriel : redites épuisantes