Je laisse courir mes doigts sur la photo
déchirée d’un magazine & pliée
chez Fils et Amants.
Elle a une main sur sa hanche
& l’autre pointe un revolver
vers une cible échappant
de l’objectif. Entre une équipe
de femmes en treillis, elle met au défi
le soleil de pénétrer son ao dai.
Des officiers de haut rang laissent leurs yeux
voyager sur la soie tandis qu’ils poussent des pions
sur des cartes sous un ciel de mort.
Les ombres rampent sous ses pieds.
Sait-elle que les soldats la déshabillent
derrière leurs lunettes noires d’aviateurs ?
Elle est aussi délicate qu’un roseau
sur la berge, juste soupesant le flingue
dans sa main, un lotus maculé de sang
enraciné dans l’air agité.
Un autre genre de fleurs voluptueuses
dans la chair, de mauvais augure comme une photo
sur un cercueil attendant d’être
perdue parmi les papiers & les notes,
mais cela fait quand même mal quand le pistolet
joue avec le cœur de cette manière.
Auteur:
Info: Le Xuan, Beau printemps, traduction Cédric Barnaud
Commentaires: 1
miguel
29.01.2023
sympa que tu mettes des trads de CB...