Ah ! Je me rappelle encore très bien la douleur d'alors !
Mon cœur pris au dépourvu
sautait comme une volaille à la tête tranchée.
Tout était éclaboussé de sang,
la rue, la table du bistrot,
et surtout tes mains inconscientes.
Ma chevelure éparse errait
comme un monstre parmi les verres,
s’enroulait autour d’eux, comme
autour de souffles arrêtés,
puis dansait, debout, en sifflant,
plus retombait, guillotinée, à tes pieds.
Ah ! Je me rappelle bien que j'ai eu
un sourire atroce, grimaçant
pour mieux ressembler à moi
et que je n'ai crié qu'une seule fois,
bien après qu'il n'y eût plus eu
personne alentour,
et qu’on eût éteint la lumière et essuyé
le sang sur les tables.
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Info: Le sang. Traduction Aurel George Boeșteanu
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