Cet homme [Fiodor Dostoïevki] me paraissait bizarre ! Tout d’abord, je le trouvai vieux, mais par la suite je ne lui donnai pas plus de trente-sept ans ; il était de taille moyenne ; son visage paraissait ravagé par la souffrance. Ses cheveux clairs, tirant sur le roux, étaient bien pommadés et curieusement plaqués en arrière à la manière d’une perruque ; il avait deux yeux totalement différents (à cette époque, il soignait chez Junge une blessure à l’œil) ; l’un d’eux était d’un noir splendide ; l’autre avait la pupille extrêmement dilatée, ce qui empêchait de saisir l’expression de son regard et donnait à toute sa personne un air étrange. Il me faisait penser à un professeur, et je lisais de la méchanceté sur son visage. Il était vêtu d’un pantalon et d’une veste bleue, toute tachée de graisse (il affirme la porter depuis six ou sept ans), mais son linge de corps était très propre. Je dois lui rendre cette justice que je ne lui ai jamais vu porter de linge sale. Son visage avait je ne sais quelle expression bizarre et, de prime abord, il ne m’a pas plu.
Auteur:
Info: Transcription de la note de journal suivant sa rencontre avec Fiodor Dostoïevki l'année précédente dans "Journal (1867)", traduit du russe par Jean-Claude Lanne, éditions des Syrtes, Genève, 2019, entrée du 16 octobre 1867
Commentaires: 0