Quand j’étais dans mon pensionnat au fin fond des Ardennes, quand les démons de la puberté commencèrent à me mordiller de partout comme un banc de piranhas, je passais des heures à la bibliothèque, les yeux plongés dans des encyclopédies à contempler des reproductions de sculptures, de tableaux. La Renaissance, ah ! la Renaissance – quoi de plus heureux que ce mot ? – et puis le Baroque me montrèrent le corps des femmes, le corps des hommes, le corps triomphant, l’exaltation des corps, rien d’autre. Sous l’œil soupçonneux du surveillant général, le front soucieux, le prépuce en nage, je m’ébahissais devant les œuvres du Bernin, tout particulièrement devant Le rapt de Perséphone dont l’érotisme fulgurant me dévasta comme un séisme intérieur, un déluge hormonal.
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Info: Société anonyme, pp 155 - 156
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