L’anticléricalisme étant ainsi une sorte de cléricalisme retourné, au profit du rationalisme, l’anticlérical prétend mettre, à son tour, la force et le budget de l’Etat au service d’une doctrine, enrôler les agents et les fonctionnaires de l’Etat pour la guerre à l’Eglise ou à la Religion. L’anticlérical dogmatise et excommunie, au nom de la Raison infaillible, tout comme le clérical, au nom de l’Eglise infaillible ; il pose, lui aussi, en principe, comme l’ultramontain, que l’erreur n’a pas de droits, que la vérité seule a des droits, que l’Etat doit proscrire l’une et protéger l’autre. Il tend, ainsi, à rendre l’Etat juge des doctrines, juge de la vérité et de l’erreur ; par suite, il incline, non moins que le clérical, à restreindre la liberté religieuse, la liberté d’enseignement, la liberté du père de famille et, avec elles, la liberté de conscience.
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Info: " Les doctrines de haine ", éditions Payot et Rivages, Paris, 2022, page 197
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