À cette place, je souhaite qu’achève de se consumer ma vie. C’est ceci. C’est cette interrogation, si je puis dire innocente, et même ce scandale qui, je crois, restera palpitant après moi, comme un déchet, à la place que j’aurai occupée et qui se formule à peu près ainsi :
parmi ces hommes, ces voisins, bons ou incommodes, qui sont jetés dans cette affaire auxquels la tradition a donné des noms divers, dont celui d’existence est le dernier venu dans la philosophie, – dans cette affaire, dont nous dirons que ce qu’elle a de boiteux est bien ce qui reste le plus avéré, comment se fait-il que ces hommes, support tous et chacun d’un certain savoir ou supporté par lui, comment se fait-il que ces hommes s’abandonnent les uns les autres, en proie à la capture de ces mirages par quoi leur vie, gaspillant l’occasion laisse fuir son essence, par quoi leur passion est jouée, par quoi leur être, au meilleur cas, n’atteint qu’à ce peu de réalité qui ne s’affirme que de n’avoir jamais été déçu ?
Voilà ce que me donne mon expérience, la question que je lègue, en ce point, sur le sujet éthique.
Auteur:
Info: Conférence de Bruxelles sur l'éthique de la psychanalyse, 9 mars 1960
Commentaires: 0