Chez l’individu courant, et spécialement chez l’individu civilisé occidental, l’expérience érotique est de celles qui présentent le plus un caractère passif. C’est comme si les processus qui y correspondent commençaient et se déroulaient tout seuls, sans intervention de la volonté de la personne, à laquelle il n’est même pas donné de les concentrer précisément sur l’un des trois plans ou niveaux dont nous avons parlé. Cette situation est tellement considérée comme naturelle et normale que lorsqu’elle ne se vérifie pas, lorsque la contrainte manque, avec la possibilité d’agir ou de ressentir autrement, on doute de la sincérité et de la profondeur d’un sentiment ou d’un désir. Les termes mêmes les plus employés renvoient à cette situation : dans les langues d’origine latine, la "passion" désigne précisément la condition de celui qui subit.
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Info: Métaphysique du sexe, traduit de l’italien par Philippe Baillet, éditions L'âge d'homme, Lausanne, 2005, page 57
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