Si chaque vertu théologale peut être soumise à la corruption, c’est essentiellement parce que la "théologie" est divine et la "vertu" humaine. Le propre des vertus théologales, c’est en effet d’apprendre à la substance humaine à se conformer à sa finalité divine. Dans sa pratique, aucune vertu n’est de soi, sanctification. Elle prépare seulement la substance humaine à la réception de la grâce, bien que, dans sa réalité essentielle, elle corresponde à une qualité divine, et qu’ainsi elle soit une grâce en tant que Dieu consent miséricordieusement à laisser les créatures participer, selon leur capacité, à l’infini de Ses trésors. Nous disons par là que la vertu théologale présente un double aspect, existentiel dans sa réalité humaine, et essentiel dans sa réalité divine. Si la grâce du sacrement descend du Ciel vers la terre, la grâce de la vertu nous permet de monter de la terre vers le Ciel.
La vertu n’est au fond rien d’autre que la grâce de cette aspiration vers le Haut, et l’on peut dire à cet égard, puisque les vertus ont une essence commune, que chacune d’elles se retrouve dans les deux autres. La foi, adhésion à une connaissance anticipée, est l’espérance d’atteindre la Vérité de Dieu et l’amour de cette Vérité. L’espérance repose sur la foi, comme sur son motif initial et se justifie dans l’amour qui ne peut nous tromper. Enfin la charité combine la foi et l’espérance parce qu’elle réalise, autant que le comporte la nature de l’ici-bas, ce que la foi promet et ce que l’espérance attend. C’est pourquoi la charité, sur l’échelle des vertus qui monte de la terre vers le Ciel, est la plus proche du Ciel, quand encore elle n’y touche pas dans sa plus haute expression.
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Info: Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, pages 17-18
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