Écrire des livres, écrire des livres. Épicure en écrivit trois cents, et aucun n’est resté.
Si une page, si une " pensée " de moi pouvait me survivre, ce serait suffisant. Et d’ailleurs, cela n’a aucune espèce d’importance. Ce n’est pas le respect de la postérité, ni, bien entendu, du présent, qu’il faut recherche, mais le respect qu’on a de soi-même, c’est cela qui importe : être en règle avec soi, tout est là. Et c’est parce que je n’y suis pas parvenu que je suis en porte-à-faux partout et toujours.
Ce qui importe, ce n’est pas ce que les autres pensent de nous, mais ce que nous en pensons nous-mêmes dans le plus profond de notre être. Si nous nous estimions sincèrement, réellement, tous les mortels pourraient cracher sur nous, que nous ne nous en apercevrions même pas. Mais le difficile est d’être vraiment persuadé que la bonne idée qu’on a de soi correspond à celle même Dieu s’est faite de nous.
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Info: Cahiers : 1957-1972 [1997], p.596
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