charité

Lors donc qu’on affirme : l’Amour est Dieu, ou l’Amour, c’est l’Être absolu, on veut définir l’Essence de l’Être absolu par l’un de ses modes. Non seulement on limite Dieu, mais encore on détruit l’Amour, attribut essentiel. Car c’est Dieu qui "absolutise" l’Amour, c’est en Dieu que l’Amour existe en perfection, et non point l’Amour qui absolutise Dieu.

En conséquence, dire que Dieu est Amour, c’est dire qu’en Dieu l’Amour est infini. Or l’Amour ne peut être infini que s’il s’applique à un objet infini. Cet objet infini ne peut être que Dieu. Il s’ensuit que, disant Dieu est Amour, nous disons Dieu s’aime lui-même d’un Amour infini. Lorsque cet Amour se répand sur les créatures, c’est encore Dieu qui s’aime lui-même à travers elles, puisque, s’il les aime, c’est pour les rendre semblables à lui. Aussi le feu de cet Amour déifiant est-il capable de brûler tous les mensonges et toutes les illusions de l’amour humain. Et c’est pourquoi nous devons "haïr nos frères" pour venir à Dieu, car, tant que nous ne sommes pas venus à Lui, nous ne pouvons pas aimer dans la vérité. […] L’Amour divin a quelque chose d’implacable qui va jusqu’à la crucifixion de son humanité. "Celui-là aime tous les hommes qui n’aime rien d’humain." [Maxime le Confesseur, De charitate, II, 54]

Auteur: Borella Jean

Info: Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, page 322

[ christianisme ] [ naturel-surnaturel ]

 

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