ordre

Le droit, en effet, est le droit d’une nature à être ce qu’elle est ; or l’égalité n’est vraiment réalisée que sur plan purement quantitatif des unités numériques (1=1), elle tend donc, par sa propre force, à ramener toutes choses à une juxtaposition numérique, ce qui n’est possible que par la destruction de toutes les différences qualitatives qui constituent précisément les natures, si bien que le droit, dans l’égalité, est le droit de rien. En conséquence, l’absoluité du droit ne pouvant s’exprimer au moyen de la juxtaposition égalitaire, il ne reste, pour sauver le droit, que la superposition hiérarchique, dans laquelle le droit, renonçant à son absoluité, consent à sa relativité : c’est-à-dire à ce qu’un droit ait plus de droit qu’un autre. Mais pour que ce renoncement ne soit pas seulement résignation et compromis, il faut qu’il soit fondé sur autre chose qu’une contrainte. D’autre part, pour qu’il y ait subordination hiérarchique, il faut un principe de hiérarchisation qui règle la subordination des natures selon leur degré de proximité avec le principe. Ces deux exigences sont satisfaites dans une seule et unique opération : la soumission de la créature au Créateur, du relatif à l’Absolu. Tout droit est fondé à renoncer à son absoluité en face des droits de l’Absolu, et c’est même seulement par cette obéissance qu’il est fondé comme droit. Par cet acte de soumission, toutes les natures accèdent à une égalité formelle et qualitative, non pas horizontalement entre elles, mais verticalement par rapport à Dieu.

Auteur: Borella Jean

Info: Amour et vérité, L’Harmattan, 2011, Paris, pages 328-329

[ christianisme ] [ définition ] [ quantité-qualité ]

 

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