Ce n’est pas moi qui suis fort et méchant, c’est les autres qui sont si bêtes et si tristes, et qui vous donnent tout avant qu’on leur demande !
C’est une comédie où l’on n’a qu’à jouer son rôle avec aplomb et l’on peut tout se permettre quand on connaît les planches.
Mais il y a autre chose à faire que de jouer la comédie ! Croyez-vous que je n’aimerais pas mieux autre chose ?
C’est comme la France quand elle se jetait sur Versailles ou sur le Louvre.
Ce n’est pas du pain qu’elle demandait, un peuple ne vit pas que de pain !
C’est de la mitraille et du plomb et de grands coups de pieds dans les côtes !
Un cheval comme la France, c’est jeune, c’est amoureux, ça aime à rire, ça aime à sentir son maître !
Il faut avoir du genou quand on a l’honneur de tenir une pareille bête entre les jambes, c’est pas un veau.
Mais ce gros Louis qu’elle avait sur le dos,
A peine avait-elle commencé à danser un petit peu qu’il tombait par terre sans aucun mouvement ou bruit, comme un gros boulot de coton.
Qu’est-ce qu’il restait d’autre à faire que de lui couper la tête ?
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Info: Le pain dur, éditions Gallimard, 1956, page 191
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