éthique

Le moraliste traditionnel, et quel qu’il soit il retombe invinciblement dans cette ornière, est là pour nous persuader que le plaisir est un bien, que la voie du bien nous est tracée, indiquée par le plaisir.

Le leurre est à vrai dire saisissant. Car il a lui-même un aspect de paradoxe qui lui donne aussi son air d’audace. Et c’est bien là par quoi on est floué à une sorte de second degré : on croit qu’il n’y a qu’un double fond, et on est tout heureux de l’avoir trouvé, mais on est encore plus couillonné quand on l’a trouvé que quand on ne le soupçonne pas, ce qui est peu commun. Car tout un chacun sent bien qu’il y a quelque chose qui cloche.

Le fait est le suivant : qu’à dénuder dès le départ, et avant les formulations extrêmes de l’Au-delà du principe du plaisir, la formulation dans FREUD du principe du plaisir lui-même bien sûr a un au-delà, et à partir de ce moment on peut tout à fait clairement s’apercevoir qu’il est justement fait pour nous tenir en deçà. Dès le départ, dès sa première formulation dans FREUD sous le terme de principe de déplaisir, ou encore de moindre pâtir, il était clair que la fonction du plaisir, de ce "bien", que son usage de "bien" tient en ceci qu’en somme il nous tient éloignés de notre jouissance.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 23 mars 1960

[ psychanalyse ] [ régulation ] [ préjugé ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

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