Quand arrive la chaleur, la vraie chaleur, un voile de silence et d'inquiétude tombe sur la ville parce que tout le monde est persuadé qu'elle ne finira jamais. ... Du haut des balcons, on observe la rue pour voir apparaître le marchand de glace qui signale sa présence par un cri. Il la vend plus cher que d'habitude et des protestations vont s'élever, mais celui qui en a les moyens ne se privera pas de ce bloc glacé auquel il va confier l'espoir que, tôt ou tard, cette chaleur, cette vraie chaleur, finisse. On ne négocie pas avec le marchand de glace comme avec les autres ambulants. D'ailleurs on ne peut même pas parler de négociations : il connaît les désirs du client et il ne s'arrête qu'après avoir entendu le cliquetis de la monnaie. Cette halte contribue à la fonte de l'or blanc qu'il promène dans sa charrette, enveloppé dans des couvertures et des chiffons. Une fois reçu le montant demandé, il sort le bloc avec un gant de fer et sous le regard fasciné des gamins, il en taille un morceau à l'aide d'un couteau noir et crochu, tandis que quelques scugnizzi ramassent triomphalement les débris tombés à terre. Compte tenu du poids de la glace, il ne sera pas possible aux habitants des étages supérieurs de faire descendre les paniers au bout d'une corde pour y mettre le produit convoité, comme on le fait pour les fruits et les légumes, mais la remontée chez soi par les escaliers sombres et raides sera plus agréable avec ce fardeau dans les bras.
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Info: L'enfer du commissaire Ricciardi
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