Les anciens philosophes entrèrent dans la connaissance de la vérité peu à peu et comme pas à pas. Au début, étant encore presque grossiers, ils n’attribuèrent de réalité qu’aux corps sensibles […]. Puis, s’avançant plus loin, ils distinguèrent, par l’intellect, entre la forme substantielle et la matière, la posant comme quelque chose d’incréé ; ils s’aperçurent aussi que les changements dans les corps s’effectuaient selon des formes essentielles ; à ces changements, ils assignèrent certaines causes plus universelles : par exemple le cercle oblique (c’est-à-dire le zodiaque) pour Aristote, ou, pour Platon, les Idées. Mais […] l’un et l’autre n’envisagèrent l’être que sous quelque aspect particulier, soit en tant qu’il est cet être-ci, soit en tant qu’il est ainsi ; c’est pourquoi ils n’assignèrent aux êtres que des causes agentes particulières. Mais quelques-uns, allant plus loin, s’élevèrent à la considération de l’être en tant qu’être ; et prirent en considération la cause des choses, non seulement en tant qu’elles sont ces choses-ci, ou qu’elles sont ainsi, mais en tant qu’elles sont des êtres.
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Info: Somme théologique, I, q.44, a.2
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