On avait beau dire – par exemple, affirmer que la maladie, cet état supérieur de la vie, avait un côté solennel –, il n’en restait pas moins que la maladie donnait trop d’importance au physique, ramenait l’homme à son corps, l’y renvoyait tout entier ; elle portait atteinte à la dignité de l’homme, et allait jusqu’à l’anéantir, dans la mesure où elle ravalait ce dernier au rang de simple corps. La maladie était donc inhumaine.
(...)
L’humanité ? La distinction ? C’était l’esprit qui distinguait l’homme du reste de la vie organique, cet être éminemment détaché de la nature, se sentant même à l’opposé d’elle, dans une large mesure. C’était donc sur l’esprit et la maladie que se fondaient la dignité et la distinction humaines ; en un mot, plus l’homme était malade, plus il était humain, et le génie de la maladie était plus humain que celui de la santé.
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Info: La Montagne magique
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