[…] c’est dans la mesure où nous garderons la règle que la règle nous gardera, mais […] l’un ne doit pas être confondu avec l’autre : que la règle nous garde est pure grâce, pur miracle, récompense imméritée dont l’opération transformante échappe au regard de notre conscience ; que nous gardions la règle est affaire de notre bon vouloir, de notre détermination à persévérer dans la fidélité à ce qui nous ennoblit. Et là est le secret de la véritable résistance spirituelle qui la garantit de la corruption. Celui qui s’engage dans cette voie doit savoir que rien ne lui est dû. Si ferme, si héroïque soit sa maintenance, il ne doit jamais oublier qu’elle demeure radicalement inutile à la force intrinsèque de l’esprit. Sa fidélité est déjà, par elle-même, une récompense ; le reste ne le regarde pas. Il n’est pas propriétaire de l’esprit dont il s’est fait le gardien et le défenseur. Veiller sur le trésor des formes sacrées et les préserver dans l’indifférence ou la haine générales est en soi un honneur suffisant pour illuminer une vie humaine.
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Info: Le sens du surnaturel, L'Harmattan, 1997, page 121
Commentaires: 5
miguel
14.09.2024
Mais rien n'empêche d'imaginer quelque inquisiteur dominicain pervers qui viendrait à utiliser pareil raisonnement pour justifier tout et son contraire
Coli Masson
12.09.2024
Je ne crois pas en effet.
miguel
12.09.2024
Ben... Si je tourne autour de l'idée je ressens comme le concept d'une "certitude inébranlable" qui pourrait y ressembler. Non ? Même si le message "entre les lignes" de ce texte, ne va peut-être pas dans ce sens.