Quant au maréchal Koutouzov, commandant en chef des forces russes en 1805 et de nouveau en 1812, il est réhabilité par Tolstoï contre les historiens français comme russes qui critiquèrent nombre de ses décisions - en particulier son opposition à toute offensive avant Borodino et son choix d'abandonner Moscou aux mains françaises.
Sous-estimé face à la fausse grandeur napoléonienne, Koutouzov est chez Tolstoï un personnage inoubliable, un homme rare et précieux, le vrai sauveur de la Russie. Mais certes pas un héros au sens classique du terme ! Il a le goût de la débauche, boit et mange trop, a tendance à s'endormir dans les réunions d’état-major... Ses ensommeillements malencontreux opposent toute sa force d'inertie aux décisions souvent absurdes et coûteuses des " agîtés ". En lui, dans sa corpulence de moujik, c'est toute la Russie qui s'incarne, patiente, fataliste, indomptable.
Maître du temps, il est le seul à anticiper l'hiver qui arrive et la signification de chaque événement, à chaque étape. Il ne se presse pas. Juste avant Borodino, il lit un roman français, Les Chevaliers du cygne de Mme de Genlis. Ce représentant de la guerre nationale a le patriotisme discret et pitié des prisonniers. Il disparaît pourtant dans l'ingratitude et l'incompréhension une fois sa mission accomplie. " II ne restait rien d'autre à faire que mourir. Et il mourut. "
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Info: L'impitoyable aujourd'hui
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