Elle était si belle qu'on oubliait son humble fonction. Je me mis à penser à elle. Comme s'il se fut agi d'une bête sauvage, d'un animal venu de la jungle, elle appartenait à un autre monde, un monde à part. Je l'appelais sans résultat. Plus tard, il m'arriva de lui laisser sur son chemin un petit cadeau, une soierie ou un fruit. Elle passait indifférente... Sa sombre beauté avait transformé ce trajet misérable en cérémonie obligatoire pour reine insensible.
Un matin, décidé à tout, je l'attrapai avec force par le poignet et la regardai droit dans les yeux. Je ne disposais d'aucune langue pour lui parler.Elle se laissa entrainer sans un sourire et fut bientôt nue sur mon lit. (...) Notre rencontre fut celle d'un homme et d'une statue. Elle resta tout le temps les yeux ouverts, impassible. Elle avait raison de me mépriser. L'expérience ne se répéta pas.
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Info: J'avoue que j'ai vécu, pp.151-152
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