La liberté n’est pas seulement la possibilité de choisir, mais aussi la possibilité d’être choisi. Être libre, c’est être vide, disponible. On parle d’une place libre par opposition à une place occupée ; d’un homme marié, on dit qu’il n’est plus libre, etc. A l’échelle humaine, la notion de liberté implique donc, dans une certaine mesure, la notion de manque et de pauvreté : l’être libre est imparfait, indigent : il attend ce qui doit le compléter et l’épanouir, ce qui doit tuer sa liberté. Et, réciproquement, l’exercice de la liberté, c’est à dire le choix, suscite une autre pauvreté : on ne peut choisir qu’une chose à la fois ; la réalisation d’une seule possibilité entraîne l’avortement de toutes les autres.
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Info: Notre regard qui manque à la lumière, Librairie Arthème Fayard, 1970, page 52
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