Niaiserie de ce que Gide appelle l’acte gratuit. La vraie gratuité, c’est la nécessité, vécue, assumée, épousée intérieurement, et qui fleurit en liberté. Un acte sans but et sans intérêt n’est pas gratuit, il est absurde. Tout l’effort de Gide tend à dissocier dans l’homme sa nature et sa liberté. La nature humaine, avec sa constellation de finalités, est conçue par lui comme une espèce de joug ou de bât imposé du dehors à la liberté. Ceci admis, il ne reste que deux réactions possibles : ou bien accepter passivement cette contrainte extérieure et arbitraire comme un animal bien dressé (et telle est bien au fond la conception gidienne de la morale), ou bien la secouer par l’acte gratuit, à la façon d’un animal révolté qui se blesse en ruant dans les brancards. On passe ainsi à côté du vrai problème, qui consiste à faire coïncider la nature et la liberté.
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Info: Notre regard qui manque à la lumière, Librairie Arthème Fayard, 1970, page 56
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