Il est bien vrai que l’idée et le désir de l’au-delà sont trop souvent le refuge imaginaire des êtres mal doués pour l’effort et la joie terrestre. Mais le besoin d’immortalité peut naître aussi de l’expérience contraire : la joie parfaite, l’amour débordant exigent l’immortalité ; la révélation d’une réalité trop riche pour tenir dans les cadres du temps anticipe déjà sur la vie éternelle ; elle est à la fois la promesse et la preuve. […] Ainsi l’âme trop pauvre et l’âme trop riche croient également à l’au-delà – l’une par compensation : elle cherche dans un autre monde la joie que la terre lui refuse, l’autre par plénitude : elle trouve déjà le ciel dans l’excès même de sa joie terrestre. Quand l’urne de ses jours est vide, l’homme rêve l’immortalité ; quand elle déborde, il la possède déjà…
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Info: Notre regard qui manque à la lumière, Librairie Arthème Fayard, 1970, pages 68-69
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