Les persécuteurs, les sadiques, ceux qui haïssent "gratuitement" la vertu et la sainteté sont des méchants, certes, mais des méchants qui portent (ou plutôt qui ont porté) dans leur cœur un germe de vertu et de sainteté qu’ils en ont arraché. Le spectacle de la pureté leur est insupportable parce qu’il ravive la blessure causée par cet avortement, parce qu’il les écartèle entre le possible d’hier et l’impossible d’aujourd’hui. On hait plus que tout ce qu’on aurait pu posséder et qu’on a perdu par sa faute, la hauteur pour laquelle on était fait et qu’on désespère à jamais d’atteindre. La haine irréductible du bien procède de l’agonie et du désespoir du bien en nous (c’est par excellence le cas du démon) ; le sadique est un mystique retourné.
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Info: Notre regard qui manque à la lumière, Librairie Arthème Fayard, 1970, pages 130-131
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