LE PATRIOTE : Le Viennois en particulier est ultradoué pour tenir bon. Chez nous, les gens supportent toutes les privations comme si c’était un vrai plaisir.
L’ABONNE : Les privations ? Quelles privations ?
LE PATRIOTE : Je veux dire, si tant est qu’il y ait des privations.
L’ABONNE : Mais par bonheur il n’y en a pas !
LE PATRIOTE : Très juste. Il n’y en a pas. Mais dites – si on n’est privé de rien – pourquoi faut-il tenir bon ?
L’ABONNE : Je peux vous l’expliquer. Il n’y a effectivement pas de privations, mais on les supporte aisément – c’est tout l’art. Depuis toujours on sait s’y prendre.
LE PATRIOTE : Précisément. Faire la queue, c’est une partie de plaisir – les gens font même la queue rien que pour ça.
L’ABONNE : La seule différence par rapport à avant, c’est que maintenant c’est la guerre. Si ce n’était pas la guerre on pourrait franchement croire que c’est la paix. Mais la guerre, c’est la guerre, et on est tenu à certaines choses qu’avant on aurait seulement voulues.
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Info: Les derniers jours de l'humanité, version scénique, éditions Agone, 2003, pages 41-42
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