[…] de la traduction théologique des vérités métaphysiques, il [Guénon] donne comme exemple : "l’Être est" : métaphysique, traduit en "Dieu existe" : théologie. Il nous explique alors que la plupart des difficultés théologiques viennent de la confusion de l’être avec l’existence, confusion qui, en réalité, n’existe que dans l’idée que Guénon se fait de la théologie.
Tout cela n’aurait pas grand intérêt si une telle attitude n’était tout à fait significative. Guénon ne voit pas que si la scolastique est soumise à la théologie, c’est que l’intellectus fidei est nécessairement soumis à la révélation, la smriti est nécessairement soumise à la shruti. Pour Guénon, parler de l’être, c’est métaphysique ; parler de Dieu, c’est religieux ! […] On a le droit et même le devoir d’affirmer l’universalité du discours métaphysique […] et de l’opposer à la singularité de la religion. Mais il faudrait ajouter nécessairement qu’il s’agit alors d’une universalité abstraite visée dans la particularité d’une culture déterminée, tandis que la religion, en parlant de Dieu, parle de l’Universel en soi, de l’Être pur et infini comme tel ; sinon, à quoi bon la révélation ? Ou peut-être faut-il supposer qu’en tenant ce discours abstrait, R. Guénon – ou quelque autre – jouit de la connaissance effective et intégrale de l’Être ?
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Info: L'intelligence et la foi, L'Harmattant, Paris, 2018, pages 84-85
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