mystère

[…] l’intelligence chrétienne est placée devant une tâche quasi impossible : accomplir son œuvre herméneutique, qu’elle ne peut pas ne pas accomplir, puisqu’elle est faite pour cela, et cependant ne pas pouvoir y parvenir effectivement, le revelatum échappant, non seulement en lui-même dans son contenu transcendant, mais dans sa forme – mythologie vraie – à l’ordre naturel de l’intelligence. Dans son œuvre propre, l’intelligence herméneutique ne semble donc pas prise en charge intégralement par l’objet qu’elle doit penser, la révélation. Elle est alors renvoyée à elle-même. Toutes les puissances qui sont en elle et qu’elle ne peut dévouer à la tâche herméneutique, elle est tentée de les employer pour réduire l’hétérogénéité des ordres métaphysique et religieux, non pas en fonction du revelatum, mais en fonction de ses propres exigences. Et c’est cela le gnosticisme. Abandonnée à elle-même par la résistance que lui oppose le revelatum, l’intelligence s’efforce de ramener le revelatum à sa propre homogénéité spéculative.

Auteur: Borella Jean

Info: L'intelligence et la foi, L'Harmattant, Paris, 2018, page 108

[ raison ] [ naturel-surnaturel ] [ limites ] [ christianisme ] [ réductionnisme ] [ naturalisme ] [ surplus intellectif ]

 

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