Teilhard [de Chardin] a pensé que le péché originel exprimait une "nécessité statistique de déchet". Le monde est ainsi construit qu’en s’arrangeant à partir d’une multiplicité initiale, il existe forcément un certain déchet qui tient à cette multiplicité initiale. Le péché originel était en somme, dans cette perspective, un nom pour désigner la résistance de la matière multiple à l’arrangement et à l’unification. C’était à la fois trop et trop peu. Trop, parce que l’Univers n’a rien à voir avec le péché originel – ni la matière, ni le multiple. Trop peu, parce que le péché originel est une notion théologique qui n’a de sens que par rapport à la destinée surnaturelle de l’homme, par rapport au projet de la grâce.
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Info: La crise moderniste, éditions du Seuil, 1979, page 90
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