Saint Thomas [d'Aquin] tient à ce qu’on pourrait appeler les souverainetés ou autonomies subordonnées les unes aux autres, interdépendantes entre elles mais indépendantes, insistait-il, dans leur ordre, à leurs rang et place. Il le pensait très précisément à propos de la raison et même des sens. "Soumise chez mon père, mais maîtresse chez moi", disait la fille de la maison que saint Thomas aurait soutenue sur ce point. Cela précisément le conduisait à mettre l’accent sur la dignité de l’homme, qui tendait parfois à disparaître dans certaines vues purement déistes. Personne n’oserait dire qu’il voulait séparer l’homme et Dieu. Mais il voulait distinguer l’homme de Dieu. On peut percevoir aujourd’hui, et l’on perçoit, quelle noble et humaine largeur de vues implique un sens si vif de la dignité et de la liberté humaine. Mais n’oublions pas qu’il a pour corollaire ce libre arbitre, ou responsabilité morale de l’homme, que tant de libéraux modernes cherchent à nier. Sublime et périlleuse liberté qui met en jeu le paradis et l’enfer, et tous les drames mystérieux au sein de l’âme. Distinction et non division. Mais un homme peut choisir de se séparer de Dieu ce qui, d’une certaine façon, est la plus terrible des distinctions.
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Info: Saint Thomas du Créateur, Dominique Martin Morin, 2016, page 35
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