Ainsi, pour Bergson comme pour les néoplatoniciens, le "corps" est constitué avant de recevoir l’âme. Ce n’est donc pas l’âme qui le constitue en informant une matière (analyse d’Aristote dans le De anima). Mais il y a plus, pour Bergson, le corps fait obstacle à la conscience. Ainsi, paradoxalement, l’œil constitué fait obstacle à la vision, il la limite […].
Le corps a pour fonction de limiter la conscience. C’est la doctrine même de Plotin. La conscience est aliénée, exilée, prisonnière dans la nature, dans la matière, dans le corps […].
Ce qui cause l’aliénation et l’exil de la conscience dans la nature et dans le corps, chez Bergson comme chez Plotin, c’est le souci, la préoccupation pratique. La conversion bergsonienne, comme la conversion plotinienne, consiste à se libérer du souci […].
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Info: La crise moderniste, éditions du Seuil, 1979, pages 154-155
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