On devrait, en premier lieu, observer qu’il n’y a pas d’égalité ou d’inégalité en soi, mais seulement par rapport à une norme à atteindre ou à réaliser. Le concept d’égalité – ou d’inégalité – n’a aucun sens, pris absolument, sinon du pur point de vue quantitatif : un nombre est absolument égal ou inégal à un autre. Dire que les hommes sont égaux ou inégaux, absolument, c’est donc les réduire d’abord à de pures quantités. Si donc on ne parle que d’égalités relatives, par exemple à une tâche à accomplir, alors la conclusion s’impose : les hommes sont inégaux, c’est un fait, parce qu’ils réussissent plus ou moins bien l’épreuve qui leur est imposée.
Mais une deuxième considération doit intervenir : quelle valeur de critère peut-on accorder aux tests que l’on utilise ? […] Valeur relative, maintenant : ne faudrait-il pas introduire une hiérarchie entre les tâches elles-mêmes ? Mais si oui, au nom de quoi l’introduire ? […]
Il est clair qu’en tout cela ce que l’on prend pour une supériorité n’est que l’aptitude à réussir les tâches qu’impose un certain type de civilisation, c’est-à-dire l’aptitude à s’adapter aux impératifs de la société contemporaine.
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Info: Tradition et modernité, L'Harmattan, Paris, 2023, pages 181-182
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