[…] il y a comme un "troisième Testament" - expression que nous empruntons au P. Serge Bonnet – celui de la Terre, et des fleuves et des bois, des saisons, de l’amour, de la mort, qui vient à nous du fond des âges, porté essentiellement par la culture paysanne, et qui fait partie intégrante de notre vie. Ce "Testament", dont il ne reste que quelques débris, remonte à la Révélation première qu’Adam reçut au Paradis terrestre. La Théologie catholique a toujours affirmé l’existence de cette Tradition primitive, dont le paganisme a ensuite hérité, et nul plus que nous ne croit à sa nécessité vitale. Mais il est bien évident que le christianisme, avec une sagesse dont l’histoire des religions donne peu d’exemples, a su garder et intégrer cette tradition païenne (ainsi la fête de Noël ou la Saint-Jean d’été).
Toutefois, il ne faut pas oublier que cette tradition, vivante dans certaines de ses formes symboliques, est morte dans sa dimension proprement sacrée. Celtisme, Pythagorisme, Orphisme, il n’y a là que des noms, mais pas la moindre continuité vivante. On peut bien se livrer à des reconstitutions historiques, à des imitations plus ou moins folkloriques, le druidisme n’existe plus et ce n’est pas la force d’une conviction humaine qui le ressuscitera. Et qui nous dit que la réalité sacrée du druidisme, du pythagorisme ou de l’orphisme n’est pas passée précisément dans le christianisme ?
Auteur:
Info: Tradition et modernité, L'Harmattan, Paris, 2023, pages 189-190
Commentaires: 0