Car ce bien final, tant débattu par les philosophes, c’est d’être uni à ce Dieu dont l’embrassement incorporel, pour ainsi dire, donne à l’âme raisonnable une chaste fécondité de vertus. C’est ce bien qu’il nous est prescrit d’aimer de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces : et ainsi s’accomplissent ces deux préceptes où se réduisent la loi et les prophètes : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même" [Mt 22, 37-40]. Car il faut que l’homme apprenne à s’aimer lui-même, et une fin lui est proposée où il rapporter toutes ses actions pour être heureux : s’aimer en effet, c’est vouloir son propre bonheur ; et cette fin, c’est de s’unir à Dieu. Quand donc on recommande à celui qui sait déjà s’aimer comme il doit, d’aimer le prochain à l’égal de soi-même, que lui recommande-t-on, sinon d’exhorter son frère autant que possible à l’amour de Dieu ? Voilà le culte de Dieu et la vraie religion et la solide piété et le service dû à Dieu seul.
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Info: La cité de Dieu, volume 1, traduction en latin de Louis Moreau (1846) revue par Jean-Claude Eslin, Editions du Seuil, 1994, page 408
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