poète-à-poèmes

Venez, mes chants, exprimons nos passions les plus ordinaires,

Notre jalousie d’un homme avec un bon travail et sans crainte de l’avenir.



Vous êtes très oisifs, mes chants.

Vous allez mal finir, je le crains.

Vous traînez dans les rues,

Dans les coins, aux arrêts d’autobus,

Vous ne faites rien ou presque.

Vous n’exprimez même pas nos élans intérieurs,

Vraiment, vous allez mal finir, je le crains.



Et moi ?

Je deviens à moitié fou,

Je vous ai tant parlé que

    Je crois vous voir autour de moi,

Petites bêtes insolentes, dépourvues de honte

comme de vêtements !



Mais toi, mon chant le plus nouveau,

Tu n’es pas assez vieux pour faire autant de mal,

Je t’achèterai un manteau vert de Chine

couvert de dragons,

Et les pantalons de soie rouge

de la statue du Christ enfant de Santa Maria Novella,

De peur qu’on dise que nous manquons de goût,

ou que notre famille n’est pas une caste. 

Auteur: Pound Ezra

Info: Instructions ultérieures in Poèmes, traduit de l’anglais par Michèle Pinson, Ghislain Sartoris et Alain Suied, Editions Gallimard, 1985, page 135

[ hallucinations ] [ vivants ] [ paresseux ] [ inoffensifs ] [ séduisant ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

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