L’homme des bois reçut quelques gouttes d’un lait suave, et ses lèvres avides trouvèrent le mamelon, s’y pressèrent et sucèrent lentement, puis avec plus de puissance ce corps qui l’abreuvait en silence. L’homme buvait Kinta, et de ses yeux bruns coulait le peu d’eau qui restait de ce grand corps velu, des larmes presque sèches. Et Kinta, le visage tourné vers le ciel, jouissait de nourrir ce géant étranger à son sang, comme jouissent parfois les mères, bien au-delà du sexe, bien au-delà du corps, régnant sur un territoire infini que nul homme ne saurait jamais conquérir, un territoire d’une absolue permanence, et qui tous nous domine, nous assiège et nous soumet : l’insoutenable dette de la vie.
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Info: Terres promises
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