Le message en principe est fait pour être dans un certain rapport de distinction avec le code, mais là c’est sur le plan du signifiant lui-même que manifestement il est en violation du code, de la définition que je vous propose du trait d’esprit, en ce sens qu’il s’agit de savoir ce qui se passe, ce qui est la nature de ce qui s’y passe. Et le trait d’esprit est constitué par ceci que le message qui se produit à un certain niveau de la production signifiante, contient de par sa différence, de par sa distinction d’avec le code, il prend de par cette distinction et cette différence, valeur de message. Le message gît dans sa différence même d’avec le code.
Comment cette différence est-elle sanctionnée ? C’est là le deuxième plan dont il s’agit.
Cette différence est sanctionnée comme trait d’esprit par l’Autre, et ceci est indispensable, et ceci est dans FREUD, car il y a deux choses dans le livre de FREUD sur le trait d’esprit : c’est la promotion de la technique signifiante, la référence expresse à l’Autre comme tiers, que je vous serine depuis des années, qui est absolument articulée dans FREUD par la deuxième partie tout spécialement de son ouvrage, mais forcément depuis le début, perpétuellement : par exemple FREUD nous promeut que la différence du trait d’esprit et du comique tient en ceci par exemple, que le comique est duel.
Comme je le dis, le comique est la relation duelle, mais il faut qu’il y ait le tiers Autre pour qu’il y ait le trait d’esprit, et en effet cette sanction du tiers Autre, qu’il soit supporté par un individu ou pas, est absolument essentielle : l’Autre renvoie la balle, c’est-à-dire le range dans le code en tant que trait d’esprit, il dit - dans le code - que "ceci est un trait d’esprit". C’est essentiel, de sorte que si personne ne le fait, il n’y a pas de trait d’esprit. Autrement dit, si famillionnaire est un lapsus, et si personne ne s’en aperçoit, ça ne fait pas un trait d’esprit. Mais il faut que l’Autre le codifie comme trait d’esprit.
Et troisième élément de la définition : il est inscrit dans le code, de par cette intervention de l’Autre, que ce trait d’esprit a une fonction qui a un rapport avec quelque chose de tout à fait situé profondément au niveau du sens, et qui est, je ne dis pas une vérité [...].
Bien sûr cela contribue beaucoup, à notre plaisir, et nous y reviendrons mais je vous pose dès aujourd’hui que le trait d’esprit, si nous voulons le chercher - et avec FREUD, car FREUD nous conduira aussi loin que possible dans ce sens où est sa pointe, puisque de pointe il s’agit et pointe il y a - son essence tient en quelque chose qui a rapport à quelque chose de tout à fait radical dans le sens de la vérité, à savoir ce que j’ai appelé ailleurs, dans mon article sur L’instance de la lettre, quelque chose qui tient essentiellement à la vérité, qui s’appelle "la dimension d’alibi de la vérité".
À savoir que dans quelque point que nous puissions... et en entraînant chez nous je ne sais quelle diplopie mentale ...vouloir serrer de près quel est le trait d’esprit, ce dont il s’agit, ce qui fait expressément le trait d’esprit, c’est de désigner et toujours à côté, et de n’être vu que précisément en regardant ailleurs.
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Info: 6 novembre 1957
Commentaires: 3
miguel
08.11.2025
hum... vaste débat... non-incarné-contextualisé-vécu je pense que c'est impossible à dire. Intuitivement je dirai que comique est quelque part plus involontaire que trait d'esprit. Mais je n'ai pas envie de tomber dans les mécaniques débites de Bergson. Le langage stricto.sensu, fine couche-hyperstructure un peu dérisoire, joue si peu de rôle là-dedans chez nous autres primates.
Coli Masson
07.11.2025
Bonne question, l'humour est-il du côté du trait d'esprit ou du comique ??
miguel
06.11.2025
humour, contrepied ?